Il était une fois... la Compagnie Raymond Crocotte

Comme toutes les histoires, celle de la Compagnie Raymond Crocotte commence par une difficulté : comment huit comédiens amateurs, devenus amis au fil des soirées, des apéros et des répétitions, allaient-ils continuer à faire du théâtre ensemble alors que la compagnie qui gérait leur atelier amateur allait cesser ses activités ?

Assez rapidement germa dans la tête de certains l’idée un peu folle de fonder leur propre compagnie, totalement amateur, en prenant pour modèle celui d’une association loi 1901. Il ne fallut pas très longtemps pour convaincre les autres d’entrer à leur tour dans l’aventure, et ce d’autant plus que la (re-) découverte de l’œuvre de Raymond Crocotte semblait une bénédiction des Esprits du Théâtre.

Au fil des années, la troupe grandit, puis changea. Du sang neuf vint irriguer régulièrement ses artères pour veiller à ce que l’enthousiasme des débuts perdure jusqu’à aujourd’hui, dans des projets divers.

La Naissance

C’est ainsi que le 13 juillet 2005 eût lieu l’acte fondateur de la Compagnie Raymond Crocotte, lors d’un repas mémorable après la dernière représentation de l’atelier sous le nom de la Compagnie Bille en Tête.

Il fallut chercher et trouver une salle de répétition, rédiger des statuts, élire un bureau, effectuer des démarches administratives diverses. Mais la naissance se passa sans anicroche, et les parents étaient heureux. On donna pour parrain et marraine à la Compagnie babillante deux comédiens professionnels qui, telles des bonnes fées, se penchèrent sur le berceau et firent don de leur temps, de leurs conseils avisés, de leur énergie, de leur amitié.

Le 5 novembre 2005, un samedi comme le retiendra le conte, la Compagnie Raymond Crocotte se produit pour la première fois, à l’Auditorium de la ville de Balma, près de Toulouse.

C’est en reprenant l’adaptation de l’Assemblée des Femmes d’Aristophane travaillée déjà avec l’atelier théâtre de Bille en Tête que la compagnie fait ses premiers pas en public. Et inexplicablement, c’est le succès. 250 personnes dans une salle comble, une soirée mémorable.

Et Monique qui nous rejoint.

La fabuleuse aventure de Raymond Crocotte débutait sous les meilleurs auspices.

L’Aventure des Contes de Fées

La liberté d’une compagnie amateur a alors fait germer le projet de Psychanalyse des Contes de Fées. Originellement, nous voulions créer deux petits spectacles qui seraient joués dans un format indépendant, de 20 minutes chacun, dans des bars, dans la rue, bref, dans des endroits où le théâtre n’a pas forcément droit de cité.

Comme nos parrains l’avaient fait avant nous, nous nous sommes donc tournés vers l’ouvrage de Bruno Bettelheim où l’auteur décortique les contes de notre enfance à travers le prisme déformant de la psychanalyse. Nous y avons intégré nos propres délires afin d’illustrer les propos de Bettelheim de manière la plus décalée possible, un peu à la manière des cartoons de Tex Avery.

Et en janvier 2006 nous présentions ces deux pièces : Le Petit Chaperon Rouge et la Belle au Bois Dormant, dans des bars toulousains. Les Tilleuls, Un Autre Monde, Le Café Populaire, Le Petit London, ont donc vu se succéder les deux spectacles.

Le succès est là encore au rendez-vous, inattendu, mais palpable : les spectateurs semblent conquis, en redemandent. Pourquoi ne pas lier les deux contes ? C’est trop court 20 minutes ! On veut en voir plus ! Et Blanche Neige, vous l’adaptez quand ?

Finalement, c’est lorsque le théâtre toulousain Le Fil à Plomb accepte de programmer une semaine entière le spectacle que nous décidons enfin de faire une adaptation pour créer une pièce d’une heure qui lierait les deux contes.

Là encore, c’est un succès. Une semaine complète à guichet fermé ou presque. Nos fans de la première heure ont dû se battre pour avoir des places. Les spectateurs étaient là encore conquis.

C’est alors que l’association Nomades nous contacte par l’entremise de David. Nous jouons pour cette ONG lors de son festival annuel, dans un cadre enchanteur perdu au milieu de la forêt.

L’expérience Ultima Necat

Quelque temps plus tard, en sortant d’une soirée un peu arrosée, Emmanuelle confie à Germain sous la forme d’une question l’un de ses rêves récurrents : et si on pouvait voir l’avenir retransmis dans une émission de télévision, comment réagirait-on ?

C’est le point de départ d’une expérience cinématographique soutenue et produite par la Compagnie, le film Ultima Necat. Le film sera l’occasion d’un premier rapprochement entre la Compagnie Raymond Crocotte et celle des Gudules, dont les liens d’amitié n’ont pas cessé depuis, au point que 2 des membres des Gudules rejoignent les Crocottes en 2015 et 2018.

Ultima Necat permit à la troupe de se frotter à la mise en scène, à la production, à des techniques de jeu d’acteur différentes du théâtre.

Il fut projeté en avant-première au cinéma Le Lumière de l’Union, dans la proche banlieue toulousaine, en 2008.

L’écriture collective de Pom Pom Life

Parallèlement, la troupe entame la rédaction d’un assemblage de textes sur le thème du travail dans notre société moderne. Ce sera la pièce Pom Pom Life, sélectionnée pour le festival Théâtre d’Hivers de Toulouse en 2010 puis programmée au théâtre des Mazades à Toulouse durant la saison 2010/2011.

Le renouveau climatique

2012 ne voit finalement pas la fin du monde comme les Mayas l’auraient annoncé, mais plutôt un renouveau pour la troupe avec l’arrivée de Frédéric et une nouvelle pièce, dans l’air du temps, Échauffements climatiques. La compagnie se dote d’un décor en bois modulable et réutilisable.

La pièce trouve son public pendant plus de trois ans, et est même jouée au théâtre du Fil à Plomb de Toulouse, comme son aînée Psychanalyse des contes de fées.

La superproduction

Une nouvelle page s’ouvre lorsque la compagnie décide de monter une pièce en costumes d’époque, même s’il s’agit des années 50. Un drôle de cadeau, de Jean Bouchaud, est l’occasion d’investir dans des costumes, mais aussi des tas d’accessoires, de peindre un nouveau décor, d’investir le champ de la reconstitution.

La pièce est encore un succès, et termine sa carrière elle aussi lors d’une semaine au Fil à Plomb.

Retour aux fondamentaux

En 2018, en revenant aux Classiques, la compagnie Raymond Crocotte n’abandonne pas pour autant son esprit d’originalité. En intégrant Sylvain et Pierre, elle adapte aussi deux pièces de Marivaux et de Molière, en une seule intrigue baptisée “Marivolière”.

L’année 2019 devrait voir les tout premiers pas de cette pièce dont vous pourrez suivre la construction et les répétitions régulièrement sur le blog de la compagnie.